« Qui suis-je ? Qui je suis ? Mais ne le voyez-vous pas Madame ? Mais enfin, dites-le lui Monsieur qui je suis ! Je ne suis ni ce que vous voyez ni ce que vous croyez, et croyez-moi, c’est déjà bien assez. »
Qui suis-je ? Hum, le savons-nous vraiment un jour ? Je vous le demande Madame, je vous le demande Monsieur, le savons-nous vraiment un jour ? Je n’en suis vraiment pas certain. D’ailleurs, ne serait-ce pas un peu triste de savoir qui nous sommes ? Cela signifierait entre autre que nous ne pouvons pas être autre chose, jamais. Ce serait triste oui. Ça voudrait notamment dire que je ne gagnerai jamais le championnat NBA. Personnellement, je ne pourrai pas vivre avec cette idée Madame ! Heureusement, lorsque nous nous amusons à chercher qui nous sommes, nous ne pouvons qu’aller de surprise en surprise et ça, ça donne de l’espoir Monsieur. Ah bon ? Je suis ça aussi. Ah beh je savais pas Madame. Merci beaucoup. Oui, je vous assure que parler avec un cygne et commencer à chalouper du bassin est une surprise ! Voler comme un aigle dans son canapé aussi, même si je conçois que l’atterrissage peut-être frustrant lorsqu’on ouvre les yeux sur le vieux portrait de Mamie Jeanine ou le bac à vaisselle plein. Non, mais non ! Je veux voler moi ! Laissez-moi tranquille ! Non, je ne suis vraiment pas persuadé que nous sachions qui nous sommes. En revanche, je pense que nous pouvons essayer de nous en approcher, de chercher, un peu comme une enquête de Columbo accompagné de Scoubidou, vous voyez ? Et ce qui est bien, c’est que les animaux vont nous aider car eux savent exactement qui nous sommes.
Qui suis-je alors ? Rhéa, jeune bérgère allemande et grande voyageuse venant d’Espagne et ayant établi ses quartiers en Provence, me confiera lors d’une communication que je suis lumineux. Je crois que venant d’une fille c’est le plus beau compliment que j’ai jamais reçu ! Alors… Je ne suis pas certain certain d’être lumineux mais ça fait toujours plaisir. Ou pas vraiment. Parfois, pour certains, recevoir des compliments, c’est un peu comme recevoir un coup de couteau dans le dos. Ça picote un peu quoi. Oui, les animaux aiment bien appuyer là où nous, nous ne voulons surtout pas appuyer.
Qui suis-je ? Hum. Autant vous le dire tout de suite, je n’ai jamais, mais alors jamais Madame, été passionné par le monde des animaux, pas plus que je ne possède la moindre vocation, mais alors pas du tout. Non. Non non non et non ! Désolé. Pas du tout passionné et pas la moindre vocation. Eh, chacun son truc hein ! Moi, je ne juge pas les chiens qui attaquent les pneus de voiture, qui font leur besoins en marchant ou qui se roule dans les flaques pleine de cambouis. Je ne juge pas non, et j’attends la même chose en retour. Je n’ai jamais été passionné par le monde des animaux car je ne considère pas qu’il existe un monde des animaux. Il existe des cailloux, des ficus, des animaux et des humains, mais jusqu’à preuve du contraire, nous faisons tous partie du même monde, certains ont juste plus de poils que d’autres, et une plus grande langue aussi…
Qui suis-je ? Je ne sais pas mais j’aurais été veilleur de nuit pendant dix-sept ans dans un centre maternel puis dans un foyer pour pré-adolescents avant qu’un arbre me dise d’aller faire de la communication. Oui oui vous avez bien lu Monsieur. Un arbre m’a dit d’aller me former en communication animale. Ce que j’ai fait en rejoignant les rangs de l’Ecamt. Il n’y a aucune raison que si nous puissions parler avec les animaux nous ne puissions parler avec les végétaux, du moins s’ils ne sont pas en plastique, le plastique a peu de choses à dire. Tout n’est que vibrations et les vibrations sont des informations, alors il nous suffit juste de nous brancher sur le bon canal.
Qui-suis-je ? Hein hein. Bonne question ! Il n’existe aucun hasard dans ce grand jeu que nous jouons tous. Aucun ! Parfois nous pouvons nous en rendre compte, ou nous en approcher, en examinant le chemin parcouru. Lorsque je regarde d’un œil attentif et distancié mon parcours, je ne pense pas avoir exercé ce métier de veilleur de nuit par hasard. Oh non. D’autant que j’aurai aussi bien veillé le jour. Femme, enfants, plan de tomates et autres navets biscornus, je n’ai absolument aucune limite. Si je ne veille pas, je me sens mal. Qu’on se le dise, je ne sauverai absolument personne, ni ici ni ailleurs, mais veiller ça, croyez-moi, je sais faire.
Bon alors qui-suis-je à la fin ? C’est bon là. Y en a marre maintenant ! Mais j’en sais rien moi Madame ! Vous êtes qui vous ? Bon. OK Monsieur. Je suis praticien en communication animale et dog-sitter. Je vous invite à suivre les liens si vous désirez en savoir plus. Vous pouvez m’appeler, Le Shung’, ou Vincent, en revanche, quelle que soit la langue de prononciation et votre motivation, je vous recommande fortement de ne pas m’appeler Vince, il se pourrait que le tarif de mes services soit dans ce cas multiplié par trois. Certaines blessures doivent rester des blessures. Nous ne sommes pas là pour tout guérir. En tout cas pas aujourd’hui.